Le désespéré, Gustave Courbet, 1843-1845

Tu vas te faire appeler Arthur !

Quelle drôle d’expression ! Mais pourquoi se faire appeler Arthur et pas Paul ou François ? Quand on se penche sur le sujet, on s’aperçoit qu’il existe une grande quantité d’expressions avec des prénoms, le plus souvent basées sur des rimes de mirliton : « À l’aise, Blaise », « Fonce, Alphonse », « Tu rotes, Charlotte »… Bref, on préfère vous laisser deviner ce que fait Lucette dans cette liste poétique. Mais il y a aussi des expressions qui racontent une histoire, comme « se faire appeler Arthur ».

Pour connaître l’origine de cette expression, un flashback historique au XXe siècle est nécessaire… Selon le ministère de la Défense français, « se faire appeler Arthur » a trouvé son origine lors de la Seconde Guerre mondiale et ferait référence à l’occupation de la France par les Allemands. Pendant cette période, un couvre-feu était instauré à 20h par les nazis sur une partie du territoire français. Passé cette heure, la population n’était plus autorisée à circuler dans les rues. Aussi, les habitants devaient éteindre les lumières ou fermer les volets de leur habitation afin d’éviter de donner des points de repère aux avions ennemis qui étaient susceptibles d’effectuer des bombardements pendant la nuit.
Le contexte étant posé, venons-en aux faits… Lorsqu’il y avait des récalcitrants au couvre-feu, ils se faisaient sèchement remonter les bretelles par les patrouilles ennemies qui leur criaient « acht Uhr’ ! », qui signifie « vingt heures ! ». Ce fameux « Arthur » serait alors une déformation francophone de la syntaxe allemande : « acht Uhr’ ». Il va de soi que « acht Uhr’ » n’était jamais prononcé de façon courtoise, c’est pourquoi est née l’expression « se faire appeler Arthur ». Régulièrement utilisée dans le jargon humoristique des années 1940, elle est devenue synonyme de se faire rappeler à l’ordre.

Maintenant vous pourrez expliquer l’histoire de cette expression à la prochaine personne que vous entendrez dire « Tu vas te faire appeler Arthur… » !

 

Image : Le désespéré, Gustave Courbet, 1843-1845

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